2/ - Sujet : (Commentaire d’arrêt
)
Cour de cassation
chambre civile 3
Audience publique du mercredi 22 mars 2006
Sur le moyen unique :
Vu l'article 545 du Code civil ;
Attendu, selon l'arrêt attaqué (Rennes, 5 octobre 2004),
que Mme X..., propriétaire d'un immeuble séparé de
celui appartenant aux consorts B... par un mur mitoyen, a, en 1989, fait
rehausser ce mur et édifier un garage dont la toiture recouvrait
l'exhaussement ainsi réalisé ;
qu'en 1994, les consorts B... ont construit un hangar prenant appui sur
le mur qu'ils ont à leur tour fait rehausser, en "découpant"
la partie de la toiture du garage de Mme X... qui le surplombait ; que
Mme X... a assigné les consorts B... pour obtenir la démolition
de ce second exhaussement et la remise en l'état du toit ;
Attendu que pour débouter Mme X... de sa demande, l'arrêt
retient que les documents techniques produits aux débats ne font
pas apparaître que l'un ou l'autre des exhaussements serait dangereux
pour la solidité du mur, que les dispositions de l'article 660
du Code civil permettent à un voisin qui n'a pas contribué
à l'exhaussement d'un mur mitoyen d'acquérir la mitoyenneté
de cette partie du mur, que les époux B... déclarent vouloir
acquérir la mitoyenneté et qu'à raison de la solution
retenue quant à la propriété de cet exhaussement,
il ne peut être fait droit à la demande de démolition
et de remise en état formulée par Mme X... sur le fondement
de l'article 545 du Code civil ;
Qu'en statuant ainsi, alors qu'elle avait relevé que le fait de
découper la toiture de l'immeuble de Mme X... et de construire
un exhaussement sur l'exhaussement appartenant privativement à
ces derniers portait atteinte à leur droit de propriété,
la cour d'appel, qui n'a pas tiré les conséquences légales
de ses propres constatations, a violé le texte susvisé ;
PAR CES MOTIFS :
CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu'il a constaté la demande
des consorts B... d'acquérir la mitoyenneté de l'exhaussement
réalisé par Mme X..., fixé la valeur de cette acquisition
à la moitié de la somme de 650 euros et débouté
Mme X... de sa demande en démolition et en remise en état
antérieur du mur et de la toiture, l'arrêt rendu le 5 octobre
2004, entre les parties, par la cour d'appel de Rennes ; remet, en conséquence,
quant à ce, la cause et les parties dans l'état où
elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit,
les renvoie devant la cour d'appel de Rennes, autrement composée
;
Condamne les consorts B... aux dépens ;
Publication : Bulletin 2006 III N° 81 p. 67
|