Attendu qu'il résulte des éléments du dossier et des pièces de procédure que Brigitte Y... a eu un enfant naturel, Ludovic, né le 1er mars 1983 à Rouen, reconnu par Hamid X... le 27 avril 1990, puis légitimé par mariage, le 26 mai suivant ; Que, par jugement du 2 novembre 2001, le tribunal de grande instance de Rouen a prononcé l'annulation de cette reconnaissance ;
Attendu que, par jugement du 24 avril 2002, le tribunal pour enfants de Rouen a condamné Ludovic X... pour des faits de vols aggravés en récidive et d'agression sexuelle ; que, par la même décision, les parents ont été déclarés civilement responsables, alors qu'Hamid X... soutenait que sa responsabilité n'était plus engagée en raison de l'anéantissement rétroactif du lien de filiation ;
Attendu que, par arrêt du 18 février 2003, la chambre spéciale des mineurs de Rouen a confirmé le jugement entrepris et, notamment, la qualité de civilement responsable d'Hamid X... ;
En cet état :
Sur le moyen unique de cassation, pris de la violation des articles 339, 1384 du Code civil et 593 du Code de procédure pénale ;
Vu les articles 339 et 1384, alinéas 1 et 4, du Code civil ;
Attendu que, selon ces textes, l'annulation de la reconnaissance d'un
enfant a un effet rétroactif sur l'existence du lien de filiation et,
par voie de conséquence, sur la responsabilité civile des parents
du fait de leurs enfants ; qu'il en découle également l'anéantissement
rétroactif des effets juridiques de cette reconnaissance, notamment ceux
relatifs à la dévolution de l'autorité parentale
;
Attendu que, pour écarter l'argumentation d'Hamid X... qui soutenait
qu'en raison de l'annulation de sa reconnaissance de paternité, il ne
pouvait être déclaré civilement responsable des conséquences
des faits délictueux commis par Ludovic X..., l'arrêt attaqué,
par motifs propres et adoptés, énonce que "la reconnaissance
volontaire d'un enfant traduit un engagement et une volonté délibérée
de la part de son auteur de contracter, à l'égard de celui-ci,
une obligation naturelle d'éducation" ;
que les juges ajoutent que "la disparition rétroactive des conséquences
attachées à la filiation ne saurait s'appliquer à des obligations
pesant sur le responsable de l'enfant et relatives à l'entretien de ce
dernier" ;
Mais attendu qu'en prononçant ainsi, la cour d'appel a méconnu les textes précités et les principes ci-dessus rappelés ;
D'où il suit que la cassation est encourue ; Par ces motifs, CASSE et ANNULE
Publication : Bulletin criminel 2004 N° 315 p. 1195
JCP 2005, I, 132, obs. G. Viney