Cour de Cassation
Chambre civile 3
Audience publique du 17 avril 1996 Cassation partielle.
Sur le moyen unique :
Vu le principe selon lequel nul ne doit causer à autrui un trouble anormal
de voisinage ;
Attendu, selon l'arrêt attaqué (Montpellier, 29 mars 1994), que la
société civile immobilière Blaise Bruno (SCI), propriétaire
d'un local à usage commercial dans un immeuble en copropriété,
l'a donné à bail à Mme Ticheliline ; que se plaignant de
nuisances acoustiques, Mme Pecheur, agissant en qualité de syndic de la
copropriété et en son nom personnel, a assigné la SCI et
Mme Ticheliline en exécution de travaux et paiement de dommages-intérêts
;
Attendu que, pour débouter Mme Pecheur de ses demandes à l'encontre
de la SCI, l'arrêt retient que les travaux de mise en conformité
des lieux sont, selon le bail, à la charge de la locataire et que son inaction
ne peut être reprochée à la bailleresse qui a adressé
à Mme Ticheliline des mises en demeure de mettre un terme aux nuisances
;
Qu'en statuant ainsi, alors que la victime d'un trouble de voisinage trouvant
son origine dans l'immeuble donné en location, peut en demander réparation
au propriétaire, la cour d'appel a violé le principe susvisé
;
PAR CES MOTIFS :
CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu'il a débouté Mme Pecheur,
agissant en qualité de syndic de la copropriété et en son
nom personnel, de ses demandes formées à l'encontre de la SCI Blaise
Bruno, l'arrêt rendu le 29 mars 1994, entre les parties, par la cour d'appel
de Montpellier ; remet, en conséquence, quant à ce, la cause et
les parties dans l'état où elles se trouvaient avant ledit arrêt
et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel d'Aix-en-Provence.
Publication : Bulletin 1996 III N° 108 p. 69