Cour de Cassation
Chambre criminelle
Audience publique du 9 juin 1848 Rejet
REJET du pourvoi du nommé François Igneux contre un Arrêt
rendu, le 15 mai dernier, par la Cour d'assises du département de l'Aisne,
qui le condamne à la peine de mort.
Vidant le délibéré : Sur le moyen pris d'une fausse application
des articles 299, 302 et 13 du Code pénal, et fondé sur ce que le
demandeur en cassation, François I., déclaré coupable d'avoir
commis, conjointement avec Marie-Juvigne C., sa femme, également reconnue
comme auteur principal, un meurtre sur la personne de Madeleine C., mère
naturelle de celle-ci, aurait à tort été condamné
à la peine du parricide, quoique, lui n'étant point fils de la victime,
il n'eût pu être frappé de la peine de l'article 302 qu'en
vertu de l'article 59 du même code, et dans le cas seulement où il
eût été déclaré le complice de sa femme et non
lorsque, comme dans l'espèce, il était proclamé coauteur
;
Attendu que le coauteur d'un crime aide nécessairement l'autre
coupable dans les faits qui consomment l'action, et devient par la force des choses
légalement son complice ; qu'ainsi, la peine qu'aurait subie Marie-Juvigne
C., sans les circonstances atténuantes admises en sa faveur, a été
justement appliquée au demandeur, en vertu desdits articles 299, 302, 13
et 59 du Code pénal ; que l'irrégularité résultant
du défaut de citation du dernier de ces articles à la suite des
trois autres, dans l'arrêt définitif, ne peut, d'ailleurs, vicier
la condamnation, aux termes de l'article 411 du Code d'instruction criminelle
; Attendu, enfin, que la procédure est régulière en la forme,
LA COUR, par ces motifs, rejette.
Publication : Bulletin 1848 N° 178
GA n° 36
Sirey 1848 I p. 527