POINTS-CLES
1. - Le droit pénal intervient constamment en droit du travail,
concernant la représentation des personnels. Chacune des branches
du droit a dû se plier aux particularités de l'autre, ce
qui donne des résultats parfois déconcertants (V. n°
1 à 5).
2. - Les victimes potentielles d'entraves sont d'autant plus nombreuses
que les simples candidats à des fonctions représentatives
peuvent bénéficier des protections. La notion de fraude
sanctionne les abus de qualité (V. n° 12).
3. - La qualité d'auteur d'entraves est appréhendée
de façon réaliste puisque la jurisprudence sanctionne
les dirigeants de fait des sociétés et tient compte des
délégations de pouvoirs (V. n° 18 à 24).
4. - Les énumérations légales des cas d'entraves
sont ponctuées du terme "notamment" ce qui permettrait
aux juges d'adopter une interprétation large des incriminations.
Les juges affichent pourtant un respect du principe d'interprétation
stricte de la loi pénale, qui laisse parfois place à des
exceptions (V. n° 26 à 28).
5. - La notion de licenciement est interprétée très
largement dans ce contexte du délit d'entrave et les décisions
administratives concernant le refus de rupture du contrat de travail
sont très strictement appliquées (V. n° 46 à
50).
6. - Si l'élément moral du délit d'entrave reste,
en principe, l'intention, certains arrêts sanctionnent, à
l'évidence, de simples négligences (V. n° 51 à
55 et 79).
7. - L'employeur doit démontrer que la mesure contestée
est justifiée objectivement et qu'elle est sans lien avec la
qualité de représentant du personnel du plaignant. Il
y a là un renversement de la charge de la preuve, tout à
fait dans l'air du temps, mais très contestable en matière
pénale (V. n° 55).
8. - La jurisprudence réaffirme avec constance le caractère
instantané du délit d'entrave, ce qui a des conséquences
sur la constitution de partie civile, sur l'élément moral
de l'infraction et sur la prescription (V. n° 15, 55 et 58).
9. - La loi pénale pose des obligations de négocier.
Les textes procèdent par un tel nombre de renvois, que la loi
pénale devient illisible et sa teneur incertaine (V. n° 60).
10. - La loi pénale peut sanctionner des dispositions contenues
dans des conventions collectives. De nombreuses lois pénales
du travail autorisent des dérogations par convention. Seuls les
textes préservant l'intégrité physique du salarié
échappent aux possibles dérogations (V. n° 80 à
86). Encore faut-il cerner la signification du terme "déroger"
en droit du travail (V. n° 93 à 98).